Les
maladies et les accidents gâchent la vie des poires. Une coup de carabine
est vite arrivé. Certaines plaies horribles arrivent à se refermer au prix
d'une longue patience, mais la plus sournoise des attaques est encore celle
des champignons : ils tuent lentement, la poire devient repoussante et contagieuse.
On la jette. Les
hommes les croquent et les dévorent, les rats et les insectes aussi. La
vieillesse les rend intransportables et laides. Elles n'ont pas de défense,
n'ont que le temps de mûrir et de perdre la vie. Elles ressemblent aux enfants
de pauvres qui meurent d'un vent mauvais ou de mauvaise politique. Brûlées
ou coupées en deux , plus personne ne s'y intéresse, elles font peur. A
les voir dans cet état certaines personnes ont le menton qui tremble, laissent
passer quelques mots et retournent à leurs occupations . Il n'y a plus rien
à faire. Dans les quartiers difficiles et les poubelles, trop de poires
sombrent dans la déchéance, les règlements de compte, la violence inutile.
Ainsi va la vie qui n'a pitié de personne et surtout pas des poires. |