Les
poires comme les anges n'ont pas de sexe. Elles ont un passé qu'il est
difficile de reconstituer. Leurs apparences , comme on le voit, sont très
variables. On y retrouve la trace de volontés inflexibles: celle d'une
lignée de jardiniers qui de pères en fils se sont mis d'accord sur ce
que doit être une poire, sur ce qu'on doit tenir dans la main comme sensation
parfaite, sur l'enchaînement des courbes. Il s'en dégage une forme définie.
Les peuples procèdent de la même manière dans la mise au point de leurs
belles femmes. L'oeil exercé des uns et des autres se conjugue aux appétits
les plus féroces pour se fixer sur quelques parties privilégiées et leur
donner de grandes chances à la reproduction. Cette activité de l'amour
fait que les Brésiliennes ne sont pas des Japonaises, que les Ariégeoises
ont de beaux seins et les Normandes des jambes courtes...
|