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"Art phobique" (1)
 
 

 

     
       

...........La Phobie est un des accélérateurs de l'imagination. je ne parle pas de la panique dans les ascenseurs ou devant les toiles d'araignées... Ces misères sont courantes. J'ai appris qu'un lacanien raconte que les phobiques font de la Peinture à deux dimensions. Il parlait de phobiques sociaux,: ces gensqui évitent les contacts avec autrui, qui se replient sur eux-mêmesi, qui sontt hypersensibles à la critique, qui ont peur de s'imposer aux autres, présentent des symptômes de phobie sociale.

..........Dans cette affaire c'est la Peinture qui m'intéresse. Les "psy" ont une relation très littéraire avec la Peinture. Ils en font des phrases, des lettres d''indicateur ou de concierge des secrets de l'homme. Mais pourtant, qu'importe si le sexe de l'infante est plus près du chien que la reine d'Espagne près de Vélasquez? Quand on discute devant un tableau, c'est une chose de se demander ce qu'il montre ( terrain des littératures et des sciences sociales), c'en est une autre de se demander ce qu'il cache (terrain de l'Inconscient) et une troisième de savoir comment il est fait ( terrain de la Peinture ). Dire que les phobiques sociaux peignent à deux dimensions en délaissant la perspective, suggère qu'ils manifestent une conduite d'évitement en fuyant les formes tournées, trop réalistes... Cette ficelle est plus grosse qu'un baobab. Je la trouve bien française, c'est à dire conforme à l'absence des arts dans notre système scolaire. Conforme aussi à l'embourgeoisement culturel d'un tiers-état de notaires, d'avocats, de journalistes, de bavards d'assemblées et de provinciaux à basoches. Les Turcs et les Albanais ffont davantage d'efforts côté corps et côté cinq sens... Si j'allais un peu vite dans le sillage des Foucault et Bourdieu, je dirais qu'à Byzance, en Perse, et en Occident jusqu'au XIVème siècle, tous les peintres souffraient de phobie sociale... Que dire des Chinois, des Indiens, de Cézanne, de Monet, de Picasso, des Aborigènes et des Hopis?... Le "Réalisme" socialiste ou terre à terre, la peinture "tounnée" bien "grasse" , bien "gâchée" à la truelle, assaisonnée de noirs"costauds" et de "taloches pigmentées" si chère aux vétérinaires, dentistes et syndicalistes du Havre ( parmi des milliers d'autres amateurs de soupes)) n'est qu'un accident dans une longue histoire qui commence peut-être à Lascaux. La Peinture est une invention de réel, invention presque insupportable aux phraseurs. On ne peint pas ce que l'on aime, on aime peindre. On aime l'opération qui nous mène au delà de l'horizon au lieu de nous planter dans le potage. Cette aptitude à renaître est un formidable travail qui suppose qu'on s'occupe de soi-même autant que de ses semblables. Faut-il s'affirmer auprès d'autrui comme Cézanne ou comme Oppenheimer?... La phobie du contact social n'est peut-être qu'un fuite devant des prédateurs ordinaires, une réponse aux petites et grandes humiliations qui trempent le caractère. Quand la société se prend pour Dieu, qu'y-a-t-il de plus salutaire que d'être Diable? Quand la vérité n'est plus que marchandise, que la métaphore s'effondre en images, que le destin se joue dans le caddy , on se remplit de métaphores et on passe partout.

..........La Peinture n'est pas un rêve. Vous pouvez vous raconter toutes les histoires que vous voulez devant un tableau, ce ne sont que vos histoires. Si vous êtes sérieux, prenez des couleurs. Faites silence. Pour la première fois peut-être de votre vie, soyez seul devant le vide. Si vous êtes courageux, vous trouverez naturel de quitter les phrases pour traverser des miroirs. Si vous êtes intelligent vous vous demanderez pourquoi vous avez tant tardé...

 
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